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La fronde la révolte le ras le bol
Le numéro 80, pour une revue de poésie, cela me parle. C’est 20 années d’efforts, de travail, de recherche, de contacts, d’amitié, avec des lecteurs et des lectrices, d’amour et de partage. Enfin cela représente une sorte d’institution que j’ai plaisir à prendre à bras le corps.
Je veux aussi en faire un changement dans la teneur de la revue. J’inaugure La révolte, la fronde, le ras le bol,une attitude de la revue qui va devenir, comme le titre l’indique, un peu plus qu’une passation de poèmes anthologiques mais un organe plus revendicatif sur ce qu’est la poésie du 21 ème siècle.
C’est présomptueux mais comme il ne me reste plus plusieurs décennies d’exister je tente de faire dans l’utile tout en gardant l’agréable.
Il deviendra donc à vous poètes/lecteurs de m’aider par vos textes, vos aides et vos idées, qui devraient concourir à faire de Comme en poésie un revue presque nouvelle.
LE PRÉSENT numéro commence avec parsemés ici et là, des pistes, des idées, des poèmes, comme des points de départ, des actes et actions à mener, à aimer.
Comme pour toute action nouvelle tentant de sortir la poésie de son ghetto, il n’est pas possible de prévoir ce qu’il en adviendra, en attendant je vous souhaite BONNE LECTURE.
LA France A UNE CHANCE ÉNORME D’AVOIR ENCORE DES POÈTES QUI ÉCRIVENT.
Lettre d’un revuiste de poésie à un poète en quête de publication en revue papier. « comme en poésie »
Cher poète.
Je réponds enfin à l’envoi de vos poèmes et je vous prie d’excuser le retard de cette réponse. Je reçois en effet énormément de textes à croire que les poètes poussent comme des champignons dans les sous-bois par temps d’orage en automne.
Sachez que je privilégie dans les auteurs ceux qui n’ont pas envoyé leurs poèmes à l’aveuglette, c'est-à-dire après avoir longuement fréquenté, en tant que lecteurs abonnés les différents numéros de poésie que j’ai publiés depuis la naissance de la revue.
Je donne aussi ma préférence aux poètes qui m’envoient des textes inédits en recueils et en revue car les abonnés étant tous ou presque abonnés, à plusieurs revues, ils n’aiment pas, et je les comprends, retrouver le même texte au même moment dans plusieurs. Bien que Jean L’Anselme, vous connaissez peut-être, dise que si la guerre de 40 n’avait été annoncée que dans un seul numéro de revue de poésie il n’y aurait pas eu grand monde pour défendre la France.
La poésie que je défends et pour laquelle vous en conviendrez je donne beaucoup de temps et d’argent ainsi que pas mal d’amour ne se réfère à aucune chapelle, je ne peux être une tendance ou une école à moi seul j’accepte toutes les formes et fonds de poésie, pourvu qu’elles me fassent vibrer, qu’elles élèvent ma pensée et qu’elles me donnent ce je ne sais quoi indéfinissable qui me fait dire : « là il y a un véritable écrivain. »
Choisissez vos textes les plus aboutis, ceux que vous feriez lire à votre petite amie, votre belle-mère ou le secrétaire perpétuel de l’Académie, les autres, laissez les mûrir ou mourir au fond de votre tiroir celui que vous n’ouvrez que pour les grandes occasions.
Ne tenez pas pour acquis qu’un abonnement à la revue vous donnera automatiquement droit à une publication. Je revendique hautement le droit de refuser un poème qui n’entre pas dans le cadre de la revue au propre comme au figuré c’est ma liberté de directeur et la votre sera de rechercher une autre revue afin de voir enfin publié le joyau de la poésie que je vous ai refusé.
Par contre s’abonner à une ou plusieurs revues me paraît le meilleur moyen pour connaître, lire, apprendre la poésie qui se fait aujourd’hui sans compter que vous aurez le devoir de faire vos classes sur le tas, nulle école de poésie ne donnant des cours du soir en ce bas monde ni dans l’autre. Il existe suffisamment de revue spécialisées, d’ailleurs il n’y a qu’elles pour éditer des poèmes, pour que vos écrits puissent être acceptés ici ou là.
Méfiez vous des revues qui vous demandent une participation financière pour la publication, un compte d’auteur sournois et diffus, rôde aussi dans les bas-fonds des revues.
Choisissez de préférence une revue qui n’est subventionnée par personne d’autre que son animateur et ses abonnés, les autres sont trop dépendantes d’une subvention qui si elle disparaît fait également disparaître la revue. Je pourrais citer de multiples exemples.
N’attendez aucune rémunération de la part des directeurs de revues qui tirent déjà le diable par la queue. J’ai tenté moi-même de donner un euro par page publiée dans la revue et je me suis fait ramasser par la confrérie des poètes qui ne veulent pas êtres payés, prétextant que c’était une aumône, d’autres ont crié au loup car il n’est pas bien dans le paysage qu’un poète écrive pour être payé. (certains ont tout de même accepté et je les en remercie)
La solidarité entre les revues n’existe pas. Elles sont définitivement rivales puisqu’elles publient les mêmes poètes et ont les mêmes lecteurs, un abonné qui se désabonne devient un abonné en puissance pour une consœur.
Ne m’envoyez pas un recueil complet en me demandant de choisir le ou les poèmes que je préfère il n’y a aucune chance que je l’édite en entier et il me faudra tout lire ce qui prend énormément de mon temps très précieux le choix c’est à vous, aussi, de le pratiquer. Quelques textes suffiront pour que je me fasse une opinion sur ce que je pourrai mettre ou ne pas mettre dans la revue.
Pensez que je possède un petit budget et qu’il ne m’est pas possible de répondre à toutes les lettres si vous ne me mettez pas au moins un timbre. La poste pour une revue qui ne peut être diffusée autrement que par abonnement représente une dépense onéreuse qui ne peut qu’augmenter au fur et à mesure de la privatisation. Reconnaissez qu’un timbre pour savoir si on va être édité ce n’est pas cher payé.
Si vous voulez que vos textes soient rigoureusement retranscrits évitez les manuscrits illisibles surtout si votre écriture se rapproche plus de celle du chat que de celle d’un calligraphe de renom.
Sachez que d’être édité dans une revue de poésie n’ouvre pas automatiquement le droit à la célébrité et à la gloire laissez cela à la star académie ou autres émissions de télé ni que vous accèderez d’un seul coup au pinacle de l’édition à compte d’éditeur. Il vous faudra encore solliciter de nombreuses autres revues et il y en a même qui oseront refuser vos textes. La poésie est un long chemin de croix qui comporte beaucoup plus de stations que pour l’autre.
Si vous êtes refusé n’en faites pas une maladie de peau, il y a plus grave dans la vie, une autre revue prendra vos poèmes c’est seulement que vous n’avez pas frappé à la bonne porte.
Parfois se recommander d’un poète déjà un peu connu peut influencer le directeur mais méfiance il y a peut être entre eux de la brouille dans l’air ou un conflit larvé que votre petite allumette a su réactiver.
Ne soyez pas trop élogieux à mon égard ni à l’égard de la revue, je sais que c’est une bonne revue, mais la flagornerie n’a jamais remplacé le talent. Allez-y mollo dans l’éloge prépublication ensuite vous pourrez vous laissez aller.
Soyez patient les délais de publication vu le nombre de textes que je reçois et la pagination de la revue sont un peu longs ne me relancez pas au téléphone tous les trois jours ni par courrier toutes les semaines, cela ne servirait à rien.
Si vous avez scrupuleusement suivi ces quelques conseils il n’y a aucune raisons pour que vous ne paraissiez pas dans un prochain sommaire de la revue et qu’on vous y retrouve assez souvent car j’aime bien suivre les poètes dont j’aime les textes qui deviennent aussi fréquemment des amis.
1) je reçois des textes, poèmes ou autres, par la poste ou sur internet, et je fais une sélection de ceux que j’aime. J’en demande
parfois.
2) Je mets tout cela sur mon ordinateur avec Publisher confectionnant une maquette qui évolue au cours du trimestre.
3) J’essaie d’avoir un numéro d’avance pour être certain de pouvoir imprimer sur ma photocopieuse Sharp.
4) Je fais le tirage noir et blanc et les pages couleur. Papier A4 en position paysage.
5) Je massicote le tout pour le réduire au format A5 afin de pouvoir assembler au format de la revue 14x21
6) Je fais des liasses de 20 numéros que je mets sur mes presses manuelles afin de les réunir à l’aide de gaze et de colle à reliure. Je sépare au
couteau spécial les liasses ainsi constituées.
7) Je tire les couvertures sur du papier plus fort (160 g à 220g)
En A4 que je plie de manière à faire une gouttière centrale de 4 mm.
8) Je mets les liasses dans chaque couverture et je les encolle, sur le dos, pour les solidariser avec les couvertures.
9) Je massicote au format 14x21 pour finir la revue.
10) J’imprime les enveloppes sur ma presse, manuelle, typo, à épreuves pour y mettre des informations et un cliché.
11) j’imprime sur la même presse les cartes à légender.12) je fabrique les étiquettes, adresse et service presse, sur des feuilles
A4 et les découpe pour les coller sur les enveloppes.
Et voilà comment je fabrique Comme en poésie ce qui représente pas mal d’heures de boulot. Jean-Pierre Lesieur.
Le numéro 40 sera mis à la poste le 8 décembre. Il marque la dixième année
d'existence de Comme en poésie. A cette occasion une petite fête réunira ses lecteurs et les autres dans le garage aux poèmes, 2149 avenue du tour du lac à Hossegor à partir de 17 heures le samedi
12 décembre. Vous serez tous les bienvenus.
j'ai prévu différents transports avec des trains partant des principales villes françaises et un ramassage scolaire sera organisé pour
les plus jeunes. Un charter partira aussi du Japon des vélos seront mis à disposition des poètes sportifs.
Le salon de la revue se tiendra à l'espace Blancs manteaux, dans le Marais à Paris, le quartier de mon enfance et vous pourrez y lire Ballade bitume (dé
bleu) une ballade dans les rues du Marais.
J'y exposerai aussi Comme en poésie depuis sa création, les 39 numéros reliés par année. Ce qui peut vous permettre de découvrir la revue ou de compléter votre collection. On pourra aussi se la
procurer au numéro.
Vous pourrez trouver en exclusivité le dernier livre de Jean-Pierre Lesieur Portes ouvertes ou rouges. Une tentative de réconcilier dans un même ouvrage la poésie et le théâtre. Et en prime
cela peut être une excellent occasion de se rencontrer à nouveau ou simplement de faire connaissance car je ne monte pas souvent dans la capitale depuis Hossegor.
Qu'on se le dise et qu'on le dise autour.
Zébane Franfeluche doit sa naissance à un bac de peluches en soldes au magasin «
Printemps
Nation ». Mais si ses pattes ne lui servent en rien il n’en est pas pour autant invalide.
Pour preuve : il « causait l'amour comme d'autres le verlan ».
Très vite il se retrouve dans un sac de dame. Et c'est ainsi que tout commence pour lui et
pour
la dame propriétaire du réticule. Il n'en devient pas vraiment le fétiche mas le
compagnon de
voyages. Voyages d'amour du moins quand cela était possible... Voyages d'illusions
promises
mais pas toujours avérées plus que ce qu'elles sont...
Jean-Pierre Lesieur nous permet d'assister à cette odyssée particulière. Elle permet de
saisir la vie par, si l'on peut dire, le petit bout de la lorgnette. Mais le transit intestinal via le sac permet une habile entrée en matière ou en
vie jusque dans les endroits reculés. Là où par exemple sontcachés les ébats de la dame qui pour l'occasion n'hésite pas à se mettre nue . Ce qui
après tout est plus que normal. Parfois hélas la femme n'est pas en si bonne fortune et mettant ses mains près de Zebane, elle puise jusqu'à ce que ruine s'ensuive les pièces que des
bandits-manchotss'empressent d'avaler.
Un tel livre est un régal d'intelligence, de drôlerie et de musique. On se laisse emporter
dans lesac avec Zebane pour l'accompagner avec lui. En sa compagnie on suit en voyeur plus qu'en confident les aventures de sa propriétaire qui, à
force, nous fait envie. Mais il nous faut restelucide tant que faire se peut.
De manière insidieuse et via son intercesseur ludique, Lesieur sait porter le fer dans le feu.
Il met une attention extrême aux choses généralement tenues pour illusoires sauf quand nous ensommes les acteurs éconduits. C'est même le mérite
essentiel de ce texte . Par sa drôlerie ilnous recentre sur l'essentiel, sur ce qui et que fait la vie lorsque l'amour arrive ou - aussi
-quand il n'arrive pas. On est ainsi autant à la place de Zebane que de sa compagne.
On est bien loin aussi de l'intellectualisme qui prétend tout régenter : L'auteur nous place
unefois de plus dans la fidélité à une sensualité particulière. En ne se voulant « que » le témoin dece que le nounours à vu, le poète acquiert une distance. Mais elle crée une proximité particulièreselon une stratégie dont
Blanchot a souligné tout l'intérêt. Pour reprendre un mot de ce dernier,du « désastre » de toute vie, Lesieur fait un champ de fouilles du destin. Il
nous apprend beaucoup de choses non sur les personnages mis en jeu mais sur nous-mêmes par l'osmoses'une présence indirecte de poème au monde. Surgit
une poésie de la pure présence. Elleenvahit et "baptise" en un délicieux exercice de
salubrité.
ESPACE-TEMPS : LE POEME COMME BR1GADE DE L'INCONTESTABLE Jean-Pierre Lesieur, Zebane
Fanfreluche. Editions de l'Atlantique, 71 pages, 18 Euros.
Riche de sa belle indétermination et en plaine vacance au monde, Zebane la peluche possède le mérite de nous faire voir, du fond du
sac où une femme le remise, le monde sur un autre angle. Ou plutôt tel qu'il est. Et non seulement pour celle qui en fait son compagnon assigné à résidence
non seulement dans son réticule mais jusque dans sonlit...Qu'on se rassurecependant : Zebane n'est pas un sex-to\. Sa propriétaire vit ou essaye de vivre la frénésie sans adjuvant ludique. Ce n'est pas forcément chose
facile.
Tout le sens du livre tien à sa drôlerie et à sa prise particulière de vue. Lesieur dresse de
faitson portrait ou le nôtre. Se dégageant du cercle de l'ego (périmètre poétique trop fréquent) il invente les moyens d'expression d'un
élargissement de l'aire de l'être en produisant une série de poèmes-récits qui sont autant d'appels à la rondeur de la fusion mais qui laissent surgir
des bouffées d'angoisse comme des souffles de libération d'une émotion altière et en vagabondage.
Tout est conçu dans l'incision d' un humour qui mord et dans la concision au sein
d'unegéométrie de l'espace particulière (un fond de sac...) que la langue assaille. Lesieur nous fait habilement voyeur de (entres autres) rites de
séduction. Nous pourrions parfois presque parlerde convocation avec l'inespéré". De fulgurances aussi. Chaque texte fuse là où Zebane infuseet nous pousse vers le mystère de la présence.
L'œuvre de Lesieur est une nouvelle fois celle d'un consentement, d'un abandon vital.
Nousavançons dans un espace aussi fermé que libre au moment même où tout cède dans la vie de la dame. A partir de presque rien, dégagé de
toute emphase le livre avance altier et ailé autour du nounours mais surtout de la femme. En bon voyeur on se sent dès lors enrichi face à ce que
l'auteur saisit. Face à la vie immédiate qui éclate et nous entoure comme elle enveloppe Zebane lui-même dans son univers d'ombre et de
lumière.
Différents espaces, différentes heures font pour une peluche du sac de sa « maîtresse » un observatoire unique. Zebane (la peluche)
en respire ou plutôt en savoure les images comme s'il s'agissait non seulement d'un lieu de conte de fées mais d'un arpent de paradis aux statuesparfois impudiques et parfois désolées. Le nounours voit des corps nus et des cuisses écartées,il voit aussi un
très léger sourire et parfois un visage en larmes dans une main. La peluche prend le rôle de confidente et de voyeur à la place du voyeur. C'est pour le lecteur, un régal, un délice même s'il souffre un peu. C'est aussi un miracle de drôlerie d'où surgissent unetendresse, des émotions
inexprimables. Le corps frissonne par procuration d'un parfuminconnu.
Le livre constitue une suite de chants navrés, acerbes ou enchantés. Dans une époque où
tropd'œuvres poétiques effacent tout l'aigu du monde, l'auteur se permet de redevenir qui il est :un
rêveur-né. Il se perd dans un objet et dans des lieux moins marqués par le temps mais peut-être moins voués à l'oubli et aux déformations. La rêverie retrouve ses lettres de noblesse. Elle
n'est pas pour autant que cette « prise négligente » dont parlait Michaux mais bien le contraire d'un affaissement de la pensée. En un faux déclin et par la
magie ironique du verbe, ondescend vers la déesse en nous appuyant à son sac en compagnie de Zebane. Ainsi cachés nous osons la regarder en face pour
nous retrouver en nous-mêmes sans besoin de grandeursi ce n'est celle que la vie offre à l'amour et au désamour dans des « paysages » dont le
poème devient le plus élémentaire savoir.
Il y a toujours chez Lesieur et même au sein de la drôlerie une extrême pudeur de ton, de mots, de scansions. Tout est dit par affleurements et touches de lumières. Par jeu aussi. A traversZebane (une peluche) qui n'est
ni tout à fait jouet ni tout à fait humaine (mais pas loin) nous devenons ses « compères ». Cet ours n'a pas pour vocation les savanes d'Afrique mais notreici-même, notre ici-bas.
Quelques touches suffisent dans le jeu et l'élasticité des enjambements poétiques pour que
nous nous retrouvions tels que nous sommes. Jamais un mot de trop. Juste ce qu'il faut pourla musique de la vie, légère ou triste. Surgit du texte un
miracle de vie au moment où chaquepoème devient non une contemplation mais une remise en route et en doute. Le mâle est tel
qu'il est : inconstant et friable. La femme demeure, malgré lui, ailée même s'il lui faut
parfoisun Zebane pour se consoler...
Quand il sort du sac sa lumière éclate, surgit un soulagement. Il met (Lesieur n'y est pas
pour rien...) la marque de ses mots, de sa méditation afin non seulement de consoler sa propriétairemais afin que nous prenions conscience de qui nous
sommes et que nous refaisions surface à l'épreuve du temps.