PORTES OUVERTES OU ROUGES…de
Jean-Pierre Lesieur
Poésie/théâtre
102 pages au format 14x21,prix- 9 euros
Gros textes éditeur Fontfourane 05380 Châteauroux les Alpes
Comme en poésie 2149 avenue du tour du lac 40150 Hossegor
Un mélange original de poèmes et de saynètes, qui sur le thème des portes, permettent de lire et de monter des spectacles, dans lesquels poésie et théâtre seront intimement mêlés, en un choix et un panachage des textes, selon l’inspiration du metteur en scène.
EXTRAITS
LES PORTES DE L’AMOUR
Quand une porte veut faire l’amour, c’est sans issue. Parce qu’elle est de bois, souvent, et d’aucun vous dira pas du bois dont on fait les berceaux, ni les couches bien larges, ni les cornouillers à nœuds sur lesquels se pendaient les délaissés dans mon village de basse Auvergne.
C’est sans issue, car s’il y a issue, il n’y a plus de porte, et on ne peut pas être issu d’une issue, ici ou ailleurs, encore moins porté par une porte, neuf mois, car une porte qui porte ça se voit, on n’ose plus l’ouvrir, on passe à tâtons sur la pointe des pieds, pour ne pas l’empêcher de porter, dans le couloir on s’efface, pardon madame, voulez-vous bien vous pousser un peu que je passe.
Quand une porte veut faire l’amour, il faut l’affubler d’un chambranle. Ça fait louche. Bon mettons deux chambranles. C’est moins louche. Merci. Les chambranles, comment les mets-je ? Un devant, un derrière. Bien. Ca va faciliter la chose ? Peut-être pas mais elle se sentira moins seule. Pour faire l’amour ? Non, on l’a déjà dit, c’est sans issue.
Pourtant il doit bien y avoir une solution.
Posons par exemple la porte sur un chevalet, qui est comme chacun sait un petit cheval. Glissons le long de son champ une bande de tissu de tapissier bardé de clous bombés, appuyons sur sa feuillure, elle semble contente.
Mais pourquoi voulez-vous qu’une porte fasse l’amour ? Pour avoir des enfants. Ces petites portes que l’on voit à la dérobée, les portillons. Et avec qui. Il n’y a pas de porte mâle. Vous croyez. Elles sont sûrement hermaphrodites ?
Quand une porte veut faire l’amour ; il faut lui dire que ça ne sert à rien.
LA PORTE DE JUDAS
Quand Judas sortit par sa porte
Pour prendre l’air de Jésus
Au chant du coq romain
Il oublia de fermer à clef
Et tous les courants d’air
De la Galilée rappliquèrent
Pour lui souffler dans les branches.
Il n’avait plus de bronches
Mais seule une petite partie de cœur
Qu’il avait jeté aux orties
De la Mésopotamie.
L’eau coula sous les ponts
Et les ponts furent détruits
Pendant la guerre des six jours
Qui permit aux soldats perdus
De se reposer le septième.
Quand Judas se retrouva
Devant sa porte non close
Il poussa le vantail peint
Et reçut dans la gueule
Plusieurs siècles de trahison
Qui n’en avait pas terminé
Avec les faux culs de l’histoire.
Depuis Judas a fait trouer
Au milieu
une petit fenêtre
Par laquelle on peut voir
Ce qu’il y a
à l’intérieur
Des consciences.