
ORGUEIL DES REVUES DE POÉSIE
NON les revues de poésie ne veulent pas vivre de mendicité,
De subventions plus ou moins versées,
(Supprimées sans préavis,)
De chapeau tendu dans les marchés de la poésie,
(Qui souvent font payer notre participation),
D’aumônes circonstancielles,
De miettes de fin de repas dans des cantines infamantes,
De pourboires négligemment glissés avec dédain dans nos poches
De moues dédaigneuses aux sphères de l’indifférence,
De paiement en nature qui ressemblent à des viols
De rebut laissé sur des articles déjà soldés
De tapes papelardes sur nos épaules en pleine forme
De paroles condescendantes qui ne descendent de rien
(Laissez votre adresse et l’on n’écrit jamais)
D’encouragements lâches qui n’osent dire leurs noms
D’arguties plombées par des fausses complaisances
De grises compassions trop molles pour servir
De volte face soudaine sans qu’on puisse la prévoir
D’amour incestueux qui ne s’assument pas
De regards en coulisse d’un théâtre du pauvre
De chèque en bois polis comme des cercueils
(Et sans poignées dorées pour les croquemorts du verbe)
NON, les revues de poésie ne veulent pas vivre de mendicité
Elles ont leur dignité belle comme des lecteurs.