Les outils du poète dépassent de son turban
Et prennent l’air une fois par deux ans
Les outils du poète avancent non masqués
Vers le cri des amants dans les sous bois cachés
Les outils du poète s’entassent dans ses poches
Et grimpent dans les sondages de la notoriété
Les outils du poète sont affutés de frais
Pour découper les vers au soleil vert roses
Les outils du poète traînent dans les coursives
D’un paquebot coulé par le vent des amours
Les outils du poète ne lui servent jamais
A polir le verbe qu’il enferme dans son sein.
Les outils du poète creusent dans l’humus
Une tranchée refuge pour les derniers soupirs
Les outils du poète transgressent la puberté
Quand ils sortent à point de l’adolescence
Les outils du poète organisent les orgasmes
De ceux qui n’écrivent qu’au bord de l’asphyxie
Les outils du poète disparaissent corps et chair
Quand il pleut des sourires sur la lande déserte
Les outils du poète transgressent toutes les lois
Que les hommes ont vendu à l’encan du voyage
Les outils du poète gèlent des faux glaçons
Sur la tête poudrée des phoques de Banquise
Les outils du poète s’affûtent une fois l’an
Dans un faux printemps qui ne revient jamais
Les outils du poète défendent leur territoire
A grands coups de marteau sur la carlingue du ciel
Les outils du poète engluent toutes les pensées
Dans la magnificence du sable et de l’eau pure
Les outils du poète gravitent à pas patauds
Dans le no mans land des dunes en mouvance
Les outils du poète trouent le fond des poches
De ceux qui ont la main à la porte du ventre
Les outils du poète galvanisent les galbes
Des muses en transit dans leur lit de fougères
Les outils du poète ingèrent la tisane
Qui les fera monter tout droit au septième ciel
Les outils du poète jouent dans la vilaine cour
De l’école communale dans la déveine creuse
Les outils du poète ont les dits hauturiers
Qui jaillissent soudain d’une pierre en souffrance
Les outils du poète mettent déjà une barbe
Bien avant de naître un matin de cristal.