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LE MANGEUR DE LUNE 1935-1991
Je ne vais pas vous raconter ma vie. LES IMAGES DU PAUVRE
Enfant je possédais des images pieuses que j’échangeais contre des capotes anglaises aux soldats américains venus libérer notre territoire occupé par des images de bottes. J’en faisais des ballons. Enfant sans fric, je préférais le mystère de la bulle d’air et le terrible pouvoir qui la saignait quand elle partait découvrir un monde que je me contentais d’imaginer plein d’avions, de bombes et de types méchants avec des couteaux partout, même dans le coeur, jusqu’à la garde des rêves. Je n’écrivais pas encore. J’avais le temps de rêver, suprême délice, le temps de percevoir le temps, jusqu’au jour où mes images se mirent à tournoyer, à encombrer mes instants, à grelotter à la porte de mes mains, à écumer des métaphores. J’aurai voulu les tuer. J’ai tenté de les fuir. Elles ne se laissèrent pas faire, dévorant mes répits, broyant ma vie, je devins inconscience. J’étais en perdition.
Les sauveteurs de tous mérites m’offrirent leurs services : j’abusais de leur mansuétude couarde, car ils ne désiraient pas m’aider à canaliser, à trier, à classer, ils lorgnaient mes images pour les faire à leur semblance. Ils voulaient, les saints hommes, me jeter dans le moule à copie conforme, me faire bouffer du calque, me soumettre à l’offset pour tirer à multiples exemplaires des stéréotypes à leur dévotion. Mes images ne se laissèrent pas duper, elles étaient filles pas faciles d’une insoumission révolutionnaire. Quand pris-je conscience qu’il fallait que je m’en sorte seul ? Je ne saurais le dire avec exactitude, mais dès lors je vis un grand nombre de rats sauter du navire et une salubre tempête les noya queue et tout.
Je sus très vite qu’il me faudrait faire un pacte avec les mots : les tractations furent longues et pénibles, j’avais tant à apprendre.
Mes facultés nécessiteuses manquaient de vocabulaire, de connaissances et de livres. Je possédais mes images il fallait leur apprendre à faire l’amour. Ce ne fut pas une mince affaire : combien de procédés, de recettes, de trucs, de traquenards, de pièges, de tindelles, dus-je utiliser ? mais les malignes trouvaient toujours une issue de secours.
J’appris des autres qu’on pouvait donner langue au hasard, utiliser les lettres et aller promener des squelettes d’images dans des chantiers indifférents, l’agencement scientifique des structures, l’insignification du signifiant, les aléas formidables des ordinateurs, l’impersonnalité des paris suggérant.
Pouvais-je refuser d’en tenir compte ?
Mais que devenaient mes images à langues multiples sans le choix créatif d’une loupe installée à hauteur de quotidien ?
JE VOUS LE DEMANDE.
2 Octobre 1935
Le négus d’Abyssinie n’a pas encore HORMONE
L'hormone mâle,
2 OCTOBRE 1935 22 heures
Ma mère 2 OCTOBRE 1935 24 heures Minuit chrétienne 2 AOUT 1937 Quelque part vers mes 3 ans et vers 20 heures.
La pluie.
J’AI ENFANCE
J’ai J’ai MAMAN
J'ouvre mon front à la paix pivoine coquelicot
Journal dérisoire d’un petit poète
ou plutôt si
mais il vous faudra démêler :
le vrai du vrai,
le faux de l’à-peu-près,
le roman du songe,
l’affabulation
de l’histoire qui aurait pu arriver
à n’importe qui
à n’importe quel
à autant en n’importe le veuf
de la poésie
et de la mort.
Vous allez entrer dans la plus dérisoire aventure
du vingtième siècle
et des siècles précédents
pour presque rien
un sourire
une corde à noeuds
un noeud papillon
dans la dérive la plus parfaite
qu’ait pu donner à lire
à voir
à aimer
le JOURNAL D’UN POETE
que tout le monde prenait pour quelqu’un d’autre.
Même lui.
attaqué l’Italie
et ses chars d’assaut
campent sagement devant Venise
attendant que les poutres s’enfoncent dans la mer
mangées par la rouille du conflit
et de l'histoire...
Je vagis déjà
couvert par une couveuse
recouvert de chaleur
découvert par BENITO
qui salue à l’HITLER
comme un chasseur de mouches
énervé de ne pouvoir les tuer.
L’EUROPE EST EN CHALEUR
précède la suivante
et de vague en vague
ma couveuse s’entrouvre
sur le chapitre 3 de NOTRE DAME de PARIS
en plein office des passés aux actes.
Je vous salue maris
qui n’osez pas épouser ma mère
elle est trop belle.
la mienne
spermatozoïdée par deux siècles
de parisiens plutôt baiseurs
par dessus les moulins de la galette
et tous les moulins de Paris
remplacés en haut de la butte
par des bordels à touristes
en culbutes et vadrouille.
Ah les petites parisiennes à cent balles
qui servaient de bornes aux virées
que nous fîmes quelques soirs fameux
seulement dans nos mémoires.
L'hormone mâle,
la mienne,
s'en souvient encore.
toi qui fais des ménages pour les riches oisifs
et prends les vessies pour des réverbères.
Ma mère tume
Ma mère rit.
Ma mère du complexe qui ne sait pas FREUD
sur le buis de ton rosaire.
Ma mère bancale et claudicante
d’un taxi en maraude
que tu n’avais pas vu.
Et la pension jamais payée d’une assurance fantôme
Que l’homme n’avait pas assurée d’un contrat.
Ma mère l’oie
Ma mère concierge
qui en brûlait un tous les jours
à SAINT ANTOINE DE PADOUE
pour retrouver l’artiste qui t’avait fait grosse
de deux mômes
MA MÈRE
Ma mère MARIA
Ma mère LESIEUR
née MANGERET un jour de batteuse
bourrée comme une bourbonnaise.
Ma mère
Tu attends là
Sur un banc de la salle publique de l’hôtel-Dieu
SEULE
et depuis 40 jours
sans boire ni manger
sans penser au passé
SEULE
comme le déluge du père NOE
qu’un mec en blouse blanche
te montre tes jésus
ANNE- MARIE et JEAN-PIERRE
nés de père presque inconnu.
Rentre chez toi
Retraverse le parvis.
Enfile le pont d’Arcole comme un vieil édredon
Tangente l’Hôtel de Ville.
Laisse sur la gauche le gibet de Nerval
et celui de François.
Ils sont droits de touristes
et tristes d’imaginaire.
Drape ton innocence dans le suaire rose
du soleil qui ce soir
fait le tour du cadran.
Claudique encore un peu
jusqu’à Saint Meri
Avant-hier Desnos y dérivait encore.
Mais tout ça tu t’en fous
t’en sais même rien
à l’école des moissons
on n’apprend pas à lire
le cresson des poètes.
Il pleut toujours quand le malheur
souffle sur les toits
et ça glisse...
Mon père, celui qui nous a reconnus,
un gosse sur chaque bras
privilège des jumeaux
fin saoulfunambule neuf
d’un cirque en dérive
attaque l’inconscience
du bord de la gouttière
au sixième étage
sous le regard effrayé de ma mère.
Le vasistas laisse un petit carreau de lumière
plus bas la rue
au macadam bien dur.
Il fait un petit tour sous le ciel sans étoiles
nous pleurons de plaisir et de trouille.
Il y a un Dieu pour les ivrognes
La pluie.
mangé d’incommensurables sonnettes venues en droite ligne des quincailleries sans fric de ma guerre en bretelles courtes.
Vrillé d’impassibles heurtoirs en acier déforgé par la gueule des lions au poli de Miror.
Jeté sur le trottoir toutes les concierges du Marais avec leurs cris en forme de balais pour me casser les côtes.
Profité de l’asile des porches pour tester mes premières rafales de baisers.
Gravé sur les chapes des ruisseaux mon maquillage d’enfant éberlué par les larmes d’un couteau taché.
Guéri ma peur du noir en cassant d’un coup de gencive les doigts visqueux des minuteries.
Mouillé d’un sexe discret la moiteur invisible des servantes en rupture d’aube qui ouvraient leurs lèvres bien avant de savoir.
Grandi tout à fait par hasard dans l’hôtel
Guénégaud
avec une chatte rousse
une soeur jumelle
et tous les petits juifs
de la rue des quatre fils
dont l’étoile de David brillait au saute-mouton
de nos récréations
et nul ne fut mieux préparé que moi
à la soudaine migration
des mal partis.
panachée de rêves espérés du fond des âges
qui cachent sur la plage des mauves
les serviettes huile solaire de mes yeux.
Petite maman des mesures de baisers
distribués plus vite que tes lèvres.
Maman triste de la risée des soirs d'orfèvres
avec saint Eloi en supensoir sur l'estomac,
craquelure fine d'une touche d'infante
qui frémit à l'orée des rosées flacon
quand ta bouche éreinte la lèvre du dernier mot.
SOMMAIRE DU N° 23
Pages 1-47 Compte rendu Tarn en poésie André Velter
Page 48 : Éditorial J.P L
Page 49 : Robert Momeux
Page 50-51 : Odette Joyaux
Pages 52-53 : Lionel Mazari-Kristina Gourinovitch
pages 54-55 : Arnaud Calvi
Pages 56-57 : Suzanne Le Magnen
Page 58 : Daniel Brochard
Page 59 : Simon Mathieu
Page 60 : Jeanpyer Poëls, Patrick Joquel
Page 61 : Marie-Ange Schoenfeld
Page 62 : Béatrice Gaudy
Page 63 : Marie-Christine Seguin
Page 64 : Clod’aria
Pages 65-67 : Béatrice Kad
Page 68 : Fabrice Marzuolo, Didier Ober
Page 69 :
Pages 70-71 : Jean-Pierre Lesieur : Journal
pages 72-73 : Cartes légendées
page 74 : Comme en revues
Page 75 : Esther Moïsa
Page 76-80 : Bernard Bretonnière
Page 81-82 : Jean-Michel Bongiraud
Page 83 : Fadila Baha
Page 84 : Comme en recueils
Page 85 : Xavier Le Floch
Page 86 : Claude Favre
Page 87 : Comme et conseils en petites annonces
Pages 88-90 : Louis Dalla Fior
Page 91 : Pot-au-feu.
Page 92-95 : Alfonso Jimenez
Page 96 : De vous à moi et de moi z’a vous
SOMMAIRE du n°22
Page 2 : (édito) Jean-Pierre LESIEUR Pages 3 : Claude LUEZOR Page 4/5 : Béatrice KAD : La fille sans qualité Page 6/8 : Éliane MONIER Pages 9 : Hélène VIDAL Page 10/11: Cécile VINCIGUERRA Page 12 : Jeanpyer POËLS Page 13 : Michel L’HOSTIS Page 14 : Christiane SALVAUDON, LISKA Page 15 : Marie-José LE MOAL, Claudine MONTIÈGE Page 16: Viviane CIAMPI Page 17 : Claude ALBARÈDE Page 18 : CLOD’ARIA Page 19 : LESIEUR & dessin de Danielle STREMLER Page 20 : Ivano MALCOTTI Page 21/23 : Comme en recueils JPL Comme en revues JPL Coup de cœur JPL Pages 24/25 : Jean-Pierre LESIEUR (journal) suite Page 26/27 Dossier Je suis amoureux .. Claude MARCONNET-RAUCH, Claude FAVRE Page 28/29: Dossier voyages : Nathalie RIOU Page 30 : Mots d’enfants paroles de grand : Fadila BAHA,Comme la poésie à l’école Page 31 : Dossier ça fait froid dans le dos BAHA, Michelle CAUSSAT Pages 32/33 : Aphorismes : Laurent ZIMMERN, Alain CROZIER Page 34/35 : Dossier voyages : Teri ALVES, Christian CAZALS Page 36:/37 : Dossier mon lac : Alexandra BOUGÉ, Annette SAINTE-FARE-GARNOT Page 38 : Dossier poème manuscrit : Jean-Louis BERNARD Page 39 : POT AU FEU Page 40 : Comme et conseils en petites annonces. Page 41: Feuilleton : Claude VERCEY Page 42/43 : Cartes Légendées Page 44 : Jacques SIMONOMIS Page 45 : Claude ROY page 46 : Comme en correspondance Page 47 : RIMBAUD GRAPHIE Page 48 : De vous à moi
SOMMAIRE du n°21 Page 2 : Excusez du peu (édito)Jean-Pierre LESIEUR Pages 3 : Catherine MAFARAUD-LERAY Page 4/5 : Béatrice KAD, la fille sans qualité Page 6/7 : Mathias LAIR Pages 8 : Béatrice BRUNENGRABER Page 9 : Suzanne LE MAGNEN Page 10 : Olivier MATHIAN Page 11 : Jean-Paul GAVARD-PERRET Page 12/13 : Christine LAURANT Page 14/15/16 : Jean-Michel BONGIRAUD Page 17: Roger LAHU Page 18/19 : Bruno SOURDIN Page 20 Dessin de Danièle STREMLER Page 21 : Jeanpyer POËLS, Didier LEROI Page 22 : Claude ALBARÈDE Page 23 : Dossier ça fait froid dans le dos, Didier OBER Pages 24/25 : Jean-Pierre LESIEUR (journal) suite Page 26/27 Dossier le travail des hommes : François GORIN-CAMARD Page 28/29: Dossier escargots, rats, coqs, etc.: Bénédicte LEFEUVRE,Xavier LE FLOCH, Michel DRUEZ Page 30 : Mots d’enfants paroles de grand : Fadila BAHA, Bénédicte LEFEUVRE Page 31 : MON PAPA M’A DIT : LESIEUR/GOUX Pages 32 : POT AU FEU Page 33: Dossier je suis amoureuse hélas : Cristie CYANE Page 34 : COMME DANS LES RECUEILS Page 35 : DEUX COUPS DE COEUR Page 36 : COMME EN REVUES Page 37 : Comme et conseils en petites annonces Page 38/39 : Roland NADAUS Page 40 : Dossier loto dérision et jeux de bavards : Michel-François LAVAUR, Raymond d’AGOSTINO Page 41 : FEUILLETON : Claude VERCEY Page 42/43 : Cartes Légendées
Page 44 : COMMENT NOUS LIRE Page 45 : LECTURES de Jean CHATARD page 46 / RIMBAUD GRAPHIE : François BARILLET Page 47 : GRAND POÈTE par Claude ALBARÈDE Page 48 : De vous à moi
SOMMAIRE du n°20 Page 2 :Le tout venant (édito)Jean-Pierre LESIEUR Pages 3/4/5/6 : James SACRÉ Page 6 : Jeanpyers POËLS Page 7 : Alain JÉGOU Pages 8/9 : CLOD’ARIA Page 10 : Myriam AMOROS Page 11 : Jean L’ANSELME Page 12 : Éléna BONNO Page 13 : Jacques TAURAND,Raylond BEYELER Page 14 : Pierre LALOYE Page 15 : Michelle CAUSSAT, Laetitia MARCUSSI Page 16 : Jean-Louis BERNARD Page 17 : Mireille DISDERO Page 18/19 : Carl MAGNAN Page 20 : Fabrice MARZUOLO, Évelyne ANDRÉ-GUIDICI Page 21 : Gérard LEMAIRE Page 22 : Cathy GARCIA Page 23 : Huguette CLARA Pages 24/25 : Jean-Pierre LESIEUR (journal) suite Page 26/27/28 Dossier le travail des hommes : Fadila BAHA, Jacqueline HELD, Pierre-Yves THOMAS Page 29: Dossier Je suis amoureux hélas : Lionel MAR Page 30 : Robert MOMEUX Page 31 : Michel L’HOSTIS Pages 32/33 : Dossier escargots rats coqs : Françoise GEIER Page 34 : Marc BONETTO Page 35 : Claude VERCEY feuilleton l’homme/singe Page 36 : POT-AU-FEU/J.P.L Page 37 : Claude ALBARÈDE / Citadines Page 38 : Comme et conseils en petites annonces Page 39 : Comme en revues Page 40 : Comme en correspondance / LAHU Page 41 : Lectures de Jean CHATARD Page 42/43 : Cartes Légendées Page 44 : Comme dans les recueils /J.P.L Page 45 : Claude ALBARÈDE Rimbaud-graphie page 46/47 : Béatrice MACHET/ A un jeune poète Page 48 : De vous à moi.J.P.L Les textes/aphorismes de bas de page sont de Jean L’ANSELME
Une partie du numéro 23 de Comme en poésie a été consacré à André Velter qui s'adressait à des collégiens, lycéens et élèves des écoles d'Albi, Carmaux, Gaillac dans le cadre des rencontres de Tarn en poésie organisées cet été sous l'égide d'ARPO. (extraits)
Improviser
Une seule fois dans ma vie, une seule fois j’ai entièrement improvisé avec un pianiste. C’était très tard, j’avais fait un récital ailleurs, j’étais allé dans une sorte de boîte de nuit avec un pianiste d’Archie Shepp qui avait une sorte de cabaret sur les quais à Lyon et il était deux heures du matin. Les gens qui étaient là m’avaient dit : « tu ne voudrai pas faire quelque chose avec lui? » c’était un pianiste extraordinaire et j’ai dit : « oui pourquoi pas ». Ils le connaissaient, bien ils sont allés le voir et lui ont dit : « est-ce que tu voudrais faire quelque chose avec André? » il a dit : « oui, qu’est ce que tu veux que je te joue? » « je veux que tu me fasses un cheval au galop a 4000 mètres », il m’a fait un cheval au galop à quatre mille mètres, parce que ce qui est monstrueux avec les musiciens c’est qu’ils savent faire exactement ce qu’on leur demande. J’ai pris le micro et j’ai commencé à improviser et on a improvisé pendant une heure et c’était de la vraie improvisation, il n’y a pas de traces, on ne l’a pas enregistré, je ne sais pas du tout ce que j’ai raconté, c’était exactement comme des musiciens qui improvisent. Voilà ça a fonctionné comme ça.
Ce que la poésie m’apporte
Mais vous ne savez rien on s’en rend compte après coup d’ailleurs on va commencer à écrire et à un moment et puis en plus faites bien attention à ça aussi on n’est pas on ne se détermine pas en fonction d’un mot de ce genre c’est un mot de quelqu’un d’autre qui disait après tout il n’y a rien de plus ridicule qu’un boucher qui se prend pour un boucher un notaire qui se prend pour un notaire et un poète qui se prend pour un poète ne nous prenons pas au sérieux à ce point là. Ce n’est pas écrit là, on n’est pas ce que le corps social veut que vous soyez on est toujours un peu autre chose bien sûr que s’il faut se déterminer, bien sur s’il faut dire qu’on fait quelque chose, à la limite j’aime mieux qu’on me détermine comme ça qu’autrement, car je ne vois pas bien comment on pourrait arriver à me caser. C’est une manière de se mettre les uns et les autres dans des cases. La fonction sociale n’est pas la seule fonction humaine, j’ai plus envie d’être considéré comme un funambule, un danseur de corde, un voyageur. Je ne sais pas si ça va vous dire quelque chose il y a un auteur belge qui a écrit un livre que je lui envierait toujours à cause du titre Ridiculum vitae je trouve que il faut bien garder ça en mémoire essayer d’être quelqu’un est toujours ridicule profondément ridicule. Il n’y a rien de plus ridicule que quelqu’un qui se prend pour un pape ou quelqu’un qui se prend pour un président de la république, ridicule et c’est ridicule de se prendre pour un poète. Donc commençons à dire, au delà de cette sorte d’appareillage social qui voudrait toujours nous happer et nous faire entrer dans une des cases de la ruche et nous faire donner notre miel, faisons autrement. Échappons à ces critères là. Marchons à côté du fil si on est funambule et essayons de nous récupérer autrement. C’est ça qui va donner à notre vie un goût, une singularité qui fera que vous serez à la fois en communion avec tous les autres et différent des autres. Il n’y a rien de pire que cette formulation, que cette normalisation, que encore une fois, la marchandise mondiale essaie de vous faire. On va maintenant dans toutes les villes du monde. Il y a les mêmes immeubles pourris on a les mêmes échangeurs d’autoroute polluants etc. Mais jusqu’à quand va-t-on faire du même, partout? Évidemment que le matériel industriel qui est à l’œuvre partout va faire du matériel humain qui sera le même partout, mais c’est un monde absolument invivable on n’est pas dans une ruche, on n’est pas dans une fourmilière, chacun d’entre nous à un destin personnel. Vivez! chacun d’entre vous à un destin, personne ne vivra votre vie à votre place, vivez votre vie. La poésie peut dire quelque chose et essayer de la transmuer essayer de vous l’approprier de la manière la plus joyeuse la plus tonique possible ouais! oui!
IN EXTREMIS
D’où es-tu?
De plus loin .
Où vas-tu?
Devant moi.
Et ton nom?
Moins qu’un os.
Et ton père?
Un soleil.
Et ta mère
Une vague.
Et ton dieu
Un cheval.
Qui t’attend?
L’horizon.
Et tu aimes?
Le vent d’Est.
André Velter
PEUT-ETRE
L'amour sans amour des forêts sans vierge
L'absence de chant
La haute luxure.
Quand l'orage devient le verbe des faibles le bâton perdu des pèlerins bafoués
Quand l'orage inonde
La toison souveraine des filles
Une goutte d'eau
Suffit
Pour colorier les yeux blancs des colombes.
PEUT-ETRE
Ne viendrez-vous jamais sur le bord de mon lit
Faire grincer les ressorts
Que mon père avait peints
Regarder
Par le judas étroit
L’immense cheminée de la fabrique bleue
Millésimée aux deux-tiers de sa cime
Comme une bouteille de vin
Où nous allions crever
Chaque matin de décembre
Un soleil de feu.
Il y a tant de chemin
Entre votre ombre et nous.
Là c'est moi en plein boulot dans le salon du livre d'Hossegor l'année dernière.
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PANNE D'INSPIRATION
Sur le bleu du ciel
l'avion trace une ligne
patiente
éphémère
avec des points de suspension
Parfois, il hasarde une virgule
et c'est tant pis
Le plus souvent
il trace droit
électronique
et rassurant
mais il ne sait rien y écrire
et s'il prépare bien sa page
c'est pour l'écolier
pas trop sage
qui rêve d'oiseaux
de voyages
c'est pour le passager-poète
qui parle au firmament
et comprend les nuages
Les censeurs me gonflent, ceux qui ont toujours quelque chose à dire sur la poésie, la poésie ceci, la poésie cela. Vous navez rien dautre à foutre les mecs? Curieusement ils sont aussi poètes. Souvent de bons poètes. Alors écrivez vos poèmes et laissez la poésie se faire toute seule elle ne vous attend pas. On na pas besoin de vos définitions, de vos enculages de mouches, de vos avis éclairés par la vanité de savoir mieux que les autres.
Une autre maladie du siècle cest quon trouve autant de critiques que de poètes. Et ils ne se contentent pas de critiquer leurs propres uvres mais se permettent aussi de critiquer les uvres des autres. Quà la limite on dise quon a aimé un recueil, sans entrer dans lexégèse, pour communiquer sa joie de lavoir lu ou parcouru je le comprends, mais quon cherche tout un tas de référents, de comparaisons, de définitions, de lieux communs, de parallèles, de décorticages littéraires, politiques ou philosophiques, basta !
Si on ajoute à ce tableau les prix de poésie décernés ici ou là, à des poètes méritants, sans doute, il y a une infantilisation des impétrants et une cucuterie de premier de la classe qui me rappellent les pires moments de ma scolarité communale. Car là aussi les censeurs , souvent de bons poètes, « censent », hé oui il faut bien choisir et il faut bien justifier son choix quand on vous le demande.
La poésie serait-elle entrée dans une ère duniversité galopante, de professoralisation à marche forcée, de libanisation des scribes. On peut le craindre. Laissez nous poétiser plus bas que nous avons notre cul, si ça nous enchante.
ILS
Ils ont saisi à mains pleines les bras d'algues du soleil
Ils ont multiplié sans rire la table des tentacules
Ils ont accouplé les lèvres des astres, les seins de la lune
les protubérances capiteuses des fleuves et de la mer
Ils ont piqué des télescopes longs sur l'orbe de la sphère
pour espionner les testicules du ciel d'orage
quand il distribue ses rations de fessées lumineuses.
Ils ont broyé la mescaline dans des nasses d'étain
pour apprendre la jouissance du rêve inachevé
et la drogue a piégé leurs yeux de maîtres-fous
Ils ont creusé dans l'amour des tranchées sans refuge
pour assouvir des soifs qu'ils n'osaient pas nommer
dans l'herbe filiforme des prairies magnétiques.
Ils ont brandi le rythme dans leurs tripes de vingt ans
pour mieux dissimuler des estomacs sans cris.
Ils ont bu sans vomir le sang encore tiède
dans les rigoles creuses des conférences sans paix.
Ils ont inventé des marchands de sommeil
pour rendre à l'oasis sa crispation de sable.
Ils ont peuplé de monstres la friche claire des champs
où l'attelage ancien tintait ses lents grelots
et ils ont rayé de la messe l'âme des fêtes du grain
où les perles de pluie bousculaient la semence.
Ils ont coupé les bras des amphytrions passés ceux qui savaient les lois d'un âtre hospitalier.
Ils ont légalisé des mariages incestueux
corps et âme, guerre et paix, amour de la haine.
Ils ont tué
un enfant aux yeux bleus
qui jouait du fifre dans la scabieuse de mes veines.