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 comme en poésie

revue trimestrielle de poésie

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20 avril 2007 5 20 /04 /avril /2007 07:57

Bal con sur lequel on peut parfois voir l'animal poétique

L'ANIMAL POÉTIQUE

L’animal poétique vit sa forêt de mots au fond d’une cabane de bambous et de ronces à  la triste figure

L’animal poétique dessine sur les arbres des cœurs en pain d’épice qui prennent les orages dans les fibres de leur vie

L’animal poétique pêche dans la marre qui n’amarre plus rien depuis  le père Noé a la fin de  son arche

L’animal poétique repère les sentiers qui l’emmènent tout droit à la porte d’un dieu dont il nie l’existence

L’animal poétique bouboule les hiboux qui l’empêchent de dormir sur sa paillasse en creux où rêvent les lucioles

L’animal poétique chante en gaélique les ariettes du monde que le monde rejette dans les vaines oubliettes

L’animal poétique arpente les sentiers araigne tentaculaire où l’on ne rencontre jamais de promeneur solitaire

L’animal poétique étête le haut des arbres d’une faucille d’or comme les anciens druides de l’antique  forêt

L’animal poétique caresse de son plumeau de roseaux et de menthe les passantes  bleues  à portée de sa main

L’animal poétique déverse sa colère en même temps que l’orage quand les éclairs crient leurs girandoles d’averses

L’animal poétique brise d’une brise le roseau trop sûr de son impunité quand le vent se déchaîne à la giboulée de mars

L’animal poétique monte sur son perchoir comme une vaine cigogne pour voir passer souvent les oiseaux migrateurs

L’animal poétique brame tous les soirs son désir de branle qui prend au cycle du rut un morceau de galère

L’animal poétique s’endort au grand air de la Tosca fugace et se réveille en trombe sur la vie de Mozart

L’animal poétique bricole ses fantasmes à la va comme le pousse son envie de partir vers des horizons teints

L’animal poétique brandit de vains trophées venus de cent concours qu’il n’a jamais gagnés tant sa verve fait peur

L’animal poétique maquille d’un sourire sa grimace de dépit quand une femme amoureuse jette son froc aux orties

L’animal poétique tente d’occire tous  ceux qui se mettent en travers de son désir de plaire à  l’humanité entière

L’animal poétique galvaude les thèmes que la cité construit pour lui tresser des chaînes dont il ne s’échappe pas

L’animal poétique barde de lard maigre les chapons qu’il attrape dans son filet de pauvre les grands soirs de marché

L’animal poétique n’a pas peur de ses rêves quand ils sont cauchemars de l’effrayante solitude des coureurs de grand fond

L’animal poétique juge sans complaisance ceux qui se drapent d’un rameau d’olivier cueillit en contrebande

L’animal poétique clame aux hauts parleurs son besoin d’innocence que seul lui reconnaît le prophète des sables

L’animal poétique remonte la pente des arriérés de tendresse en brossant les épines des enjôleuses de la mer

L’animal poétique descend en droite ligne de la cuisse de Vénus qu’il tient entre ses bras comme une fleur fanée

L’animal poétique tient les assises du feu sous un volcan éteint qui se réveillera quand son art grandira

L’animal poétique désespère Billancourt qui a beaucoup changé depuis que son aïeule travaillait à la chaîne

L’animal poétique remonte dans son arbre  qui croule sous les poètes que la postérité cache sous les bourgeons nains

L’animal poétique chassé du Paradis par le serpent félon revient par la fenêtre d’un poème mystique à Ève consacré

L’animal poétique enchante la métropole par ses mots imparfaits qu’il puise dans le Robert quand Larousse est en grève

L’animal poétique est une bête de guerre qui trucide les conflits en trois mots de plaisir à la vacuité peinte

L’animal poétique grince dans les rouages que la pendule du temps fait tourner en lambeaux les soirs de carnaval

L’animal poétique étreint de toute sa fougue une poétesse en pleurs qui lisant ses poèmes veut mourir sur l’heure

L’animal poétique tranche les montagnes qui ne veulent pas s’ouvrir quand il brandit son glaive de sourire et d’amour

L’animal poétique baise une cavalière qui a sauté en croupe de son cheval volant qu’on nomme gros porteur dans le monde des airs

L’animal poétique pourfend les privilèges que s’octroient les douaniers quand ils interdisent le commerce des arts

L’animal poétique domine les océans où des surfeurs imberbes tentent de sodomiser la ciselure des vagues

L’animal poétique démarre au quart de tour quand on veut agrandir le cercle de famille pour toute circonférence

L’animal poétique folâtre dans les herbes encore pleines de rosée au matin réveillant la ménopause des lys

L’animal poétique bouche les orifices des baleines de terre qui s’échouent sur la rive sans qu’on sache bien pourquoi

L’animal poétique crame les autos port dû qui bouchonnent le vin qu’il boit pour les fêtes de la crucifixion

L’animal poétique creuse des galeries qui descendent dans la terre pour retrouver les vers qui lui échappent toujours

L’animal poétique glace des équateurs qui se rapprochent des pôles par la grâce de l’homme démiurge impuissant

L’animal poétique parfume les métaphores qu’il sort des décharges où ses prédécesseurs les ont abandonnées

L’animal poétique qui dort dans chaque poète prend dans une main sa muse et met dans l’autre l’ange gardien des cimes.  

 

 

 

 

 

 

 

 

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