La Marne en amont de Paris
TROIS JOURS A PARIS ou les moments d'amour
Nous mangions sous les yeux des chevaux
Et leurs regards de douceur ovale.
Une cavalière à peine émérite
Corrigeait son assiette
A la voix de la palefrenière.
Nous mangions sous les yeux des chevaux
Dont la tête dépassait des box
Et quêtait dans nos cils effarés
La tranquillité d’une avoine d’amour.
La marne était calme ce matin là
Sur la rive des guinguettes
Peuplées de touristes vermeils
Qu’un car déversait sur le quai.
Il faisait beau dans le Val-de-Marne
Quand nos langues rencontrèrent
Un morceau de baiser à essayer
De vivre la vie au signal présent.
Dans le lac des minimes
Il y a de drôles de canards
Qui ressemblent à des oies
D’un Capitole à défendre.
J’ai remonté ta robe d’été
Sur la cime de l’arbre
Et j’ai senti ton sexe orné le mien
D’une guirlande de nénuphars
Qui ne devait rien au hasard
Des texticules.
Nous avons pris le Luxembourg
Par le petit côté
Et remporté la guerre de la pluie
En ne faisant qu’un corps
Tellement enlacés.
Nous avons pris le Luxembourg
Les bras bandés
Les yeux fermés
Et nous avons laissé sur le côté
L’empreinte de nos lèvres
Que personne ne peut plus effacer.
Le marché de la poésie
Marchait trop vite pour nous
Qui n’étions pas pressés
De nous séparer
Pour un quartier d’éternité.
Jean-Pierre Lesieur